Un peu plus haut,
mon torse veille sur vous
Une entité aérienne instable (EAI) survole l’Île Jésus. Elle a été aperçue à plusieurs reprises au dessus des quartiers Fabreville, Duvernay et Laval-des-Rapides. Elle observerait les allées et venues des Lavalloises et Lavallois et recueillerait des données privilégiées sur leurs habitudes de vie. Elle est à la recherche de certains individus qu’elle a choisis pour recevoir ses messages préparés sur mesure. Elle tente de les intercepter à leur retour du travail, au moment où ils reviennent à la maison. La distance est grande, la communication difficile...
Durant l'automne 2018, moi et mon drone (entité aérienne instable) avons parcouru le territoire lavallois pendant plusieurs semaines afin d'entrer en communication avec ses résidents. Au moment opportun, l'entité aérienne laissait tomber une pluie de petits papiers au dessus des gens avec des inscriptions comme celles-ci: "96 800 lavalloises et 101 800 lavallois ont un sentiment d'appartenance plutôt fort ou très fort à la communauté locale. À qui appartenez-vous?"et "158 600 lavallois et 175 000 lavalloises sont satisfaits à l'égard de la vie. À votre égard." Ces interventions aériennes étaient diffusées en direct et sont disponibles ici:
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You Are Actually Doing Something for the Fate of Humanity
Que reste-il après une résidence d’artiste? Des sons, des images, des mots, des odeurs? Qu’est-ce qu’on apporte avec nous et qu’est-ce qui doit rester? Durant mon séjour à Baltimore, j’ai récolté des bouts de rue – du béton, de l’asphalte et des briques. Ces bouts de rues ont fait les nouvelles; ils ont vue des gens marcher et courir, et certain.e.s s’écrouler sur le sol. Pendant la résidence, ces fragments de rue sont restés à mes côtés jours et nuits. Cette rue a probablement été témoin de mes petites crises existentielles, de mes soirs agités et de mes matins paresseux. À ce moment là, une équipe de chercheurs de l’université John Hopkins travaillaient sur le projet DART – Double Asteroid Redirection Test – un plan pour faire dévier la trajectoire d’un astéroïde qui se dirigerait vers la terre. À chacun ses batailles. Là-bas, on se bat aussi pour garder le Baltimore Club en vie, un style de musique et de danse exalté né dans les années 80, qui a permis à des milliers de jeunes marginalisés de s’exprimer. Je me suis laissée bercer par les rues de Baltimore pendant 3 semaines et à mon retour à Montréal j’en voulais encore. Jordan Anthony, un jeune danseur de Bmore Club a accepté de collaborer avec moi à distance et m’a envoyé une vidéo spécialement pour le projet. Cette distance avait en fait toujours existée, même lorsque j’avais les pieds bien posés sur le sol de Charm City. Comment parler de quelque chose que l’on connait mal. Comment écouter quelque chose de lointain. Comment montrer quelque chose qu’on ne voit presque plus.
Le projet You Are Actually Doing Something for the Fate of Humanity a été développé lors d'une résidence d'artiste au centre Pigment Sauvage à Baltimore, Maryland en février 2019 et a été présenté à ICA Baltimore et à la galerie B312 à Montréal. Le projet est commissarié par Gabrielle Lajoie-Bergeron.