Un peu plus haut,
mon torse veille sur vous
Une entité aérienne instable (EAI) survole l’Île Jésus. Elle a été aperçue à plusieurs reprises au dessus des quartiers Fabreville, Duvernay et Laval-des-Rapides. Elle observerait les allées et venues des Lavalloises et Lavallois et recueillerait des données privilégiées sur leurs habitudes de vie. Elle est à la recherche de certains individus qu’elle a choisis pour recevoir ses messages préparés sur mesure. Elle tente de les intercepter à leur retour du travail, au moment où ils reviennent à la maison. La distance est grande, la communication difficile...
Durant l'automne 2018, moi et mon drone (entité aérienne instable) avons parcouru le territoire lavallois pendant plusieurs semaines afin d'entrer en communication avec ses résidents. Au moment opportun, l'entité aérienne laissait tomber une pluie de petits papiers au dessus des gens avec des inscriptions comme celles-ci: "96 800 lavalloises et 101 800 lavallois ont un sentiment d'appartenance plutôt fort ou très fort à la communauté locale. À qui appartenez-vous?"et "158 600 lavallois et 175 000 lavalloises sont satisfaits à l'égard de la vie. À votre égard." Ces interventions aériennes étaient diffusées en direct et sont disponibles ici:
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Toujours mesurer le coefficient de frottement avant de partir en forêt
Dans une scène mystérieuse, trois personnages transportent des blocs de béton à l’aide d’un traîneau en bois dans un paysage enneigé. Leurs costumes assortis suggèrent une sorte d’affiliation ou d’objet d’entreprise commun. Dès le début de ce film de Pascale Théorêt-Groulx, des points de vue différents sont présentés afin de nous permettre de mieux comprendre ce qu’implique la construction d’un barrage monumental sur une rivière. À travers l’acte épuisant d’assembler une sculpture, une évocation du réseau de barrages hydroélectriques dont est doté le Québec, l’artiste nous invite à reconsidérer cet important matériau de construction. Tels des automates brisés et tombés en désuétude après avoir rempli leur fonction, les performeurs terminent leur action couverts de neige, incorporés dans le paysage naturel et avalés par l’hiver.
Texte de Didier Morelli
Vidéo produite dans le cadre d'une résidence à la Fondation Grantham en janvier 2023. Le projet Jardins sans murs a été cocommissarié par Ji-Yoon Han et Didier Morelli.